Lettre ouverte
Le jeudi 23 novembre 2023 est une journée qui passera à l’Histoire.
Aujourd’hui, on écrit l’Histoire
Aujourd’hui, nous sommes 570 000 travailleuses et travailleurs en grève, soit plus de 10 % de la population active québécoise. Jamais dans l’histoire du Québec, du Canada et même de l’Amérique du Nord (depuis la grève d’AT&T en 1983), n’avons-nous été si nombreux à faire valoir ce droit pour améliorer notre condition.
Peut-être qu’en lisant ces lignes vous nous entendez, depuis la rue, avec nos crécelles et nos cris. Peut-être entendez-vous les klaxons d’encouragement que nous recevons de la population.
Sachez que nous débrayons pour vous aussi.
Oui, nous avons grandement besoin d’améliorer nos salaires qui sont en retard par rapport au reste des travailleuses et des travailleurs du Québec.
Oui, nous avons besoin d’améliorer nos conditions de travail et de pratique pour attirer du monde et cesser l’exode qui affaiblit les services publics.
Mais si nous sommes dans la rue aujourd’hui c’est aussi pour vous, vos enfants, vos parents, vos proches. C’est pour pouvoir continuer de les soigner, de les soutenir, de les servir et de leur enseigner. C’est pour que les générations qui viennent puissent, elles aussi, bénéficier de l’expertise exceptionnelle des travailleuses et des travailleurs de nos services publics.
Des 570 000 personnes dans la rue aujourd’hui, 450 000 sont des femmes. Celles qui ont été tenues pour acquises pendant des siècles, au nom de leur soi-disant vocation. Aujourd’hui encore, cette idée de « vocation » n’est jamais bien loin. Certains dinosaures oseront le dire tout haut, alors que plusieurs le pensent tout bas.
Notre lutte est donc aussi celle de femmes qui se tiennent debout et qui disent « ça suffit! ». Notre profession, nous l’aimons, mais n’ayons pas peur des mots, c’est un travail. Un travail souvent difficile, un travail qui se paie à sa juste valeur.
Aujourd’hui, François Legault et son gouvernement passeront à l’Histoire, mais pour les mauvaises raisons. Cela faisait longtemps qu’une colère aussi grande nous avait envahis. Les mots nous manquent pour exprimer notre désarroi devant la manière dont la CAQ traite ses « anges gardiens ». Désobligeant, déplorable, déconnecté, duplessiste et sexiste sont les premiers mots qui nous viennent à l’esprit. Imaginez la suite.
Si vous nous croisez aujourd’hui, venez nous appuyer le temps d’un instant. Passons à l’Histoire toutes et tous ensemble, pour doter le Québec de services publics pour tout le monde.
Caroline Senneville, présidente de la CSN,
Éric Gingras, président de la CSQ,
Magali Picard, présidente de la FTQ,
Robert Comeau, président de l’APTS
Julie Bouchard, présidente de la FIQ,
Mélanie Hubert, présidente de la FAE
Guillaume Bouvrette, président du SPGQ,
au nom des 570 000 travailleuses et travailleurs des services publics en grève.